Pourquoi y a-t-il une formation spécifique avant le départ en Mission ?
Parce que les différents districts des TAAF sont tous caractérisés par leur isolement important ! 5 à 6 jours de bateau de l’hôpital le plus proche pour les australes (Kerguelen, Crozet et Amsterdam). Il faut préciser que c’est 5 à 6 jours si un bateau est déjà sur place ce qui est plus l’exception que la norme ! Les australes sont ravitaillées 4 fois par an par le navire des TAAF (le fameux Marion Dufresne). En dehors de ces rotations qui ne durent que quelques jours sur place, il y a de temps en temps la visite de quelques navires de la Marine Française, mais ce n’est pas régulier. Il y a également quelques fois des bateaux de pêches français qui sont proches des districts des Australes. Donc un rapatriement médical urgent est impossible. En tout cas, impossible d’être dans un hôpital moderne en quelques heures, même en cas d’urgence vitale. Au cas où vous l’ignoreriez : l’avion n’est pas envisageable car il n’y a pas de piste d’atterrissage. Un vol en hélicoptère est impossible car trop loin de l’île habitée la plus proche (La Réunion).

En Antarctique sur la base Dumont D’Urville ou à Concordia, la situation est encore plus compliquée puisque ces 2 bases ne sont pas accessibles pendant plus de 6 mois pendant l’hiver. L’accès à Dumont D’Urville en bateau (l’Astrolabe) est impossible car la base est entourée par la banquise en hiver et les pistes d’atterrissage de Dumont D’Urville et Concordia ne sont pas praticable à cause des vents catabatiques (les vents polaires qui peuvent souffler jusqu’à 300km/h).

Les médecins des districts Antarctiques et des Australes doivent donc être capables de prendre en charge tous types de pathologies (du rhume au polytraumatisé), puisqu’aucune évacuation n’est envisageable facilement ni rapidement.
Il faut être un véritable médecin multifonctions ! Être capable d’être aide soignant, infirmier, kinésithérapeute, manipulateur radio, technicien de laboratoire, dentiste, cardiologue, chirurgien, anesthésiste, psychiatre, psychologue, médecin du travail, médecin hygiéniste, médecin généraliste, neurochirurgien, etc…
C’est pour cette raison que les médecins sélectionnés par les TAAF sont souvent des médecins urgentistes (qui sont par nature très polyvalents, capable de prendre en charge des urgences vitales, de gérer de la traumatologie et des problèmes médicaux sévères, etc…) ou des médecins généralistes (eux aussi très polyvalents et qui peuvent avoir de l’expérience en milieu isolé, etc…).
Comment se passe la formation d’un Médecin de District avant le départ en mission ?
Comme je vous l’ai expliqué dans l’article précédent les médecins des TAAF ont un statut de médecin militaire. La formation se déroule donc dans un des HIA de France (Hôpital d’Instruction des Armées), le plus souvent à Percy (Paris) ou à Toulon.
La formation dure environ 4 mois. Elle se déroule pour la plus grande partie au sein de ces HIA en participant aux activités des différents services (ORL, Chirurgie Maxillo Faciale, Ophtalmologie, Laboratoire, Radiologie, Neurochirurgie, Chirurgie thoracique, Chirurgie viscérale, Orthopédie, Anesthésie, Psychiatrie, Odontologie, Urgences, Réanimation). Il y a également des formations organisées par les TAAF : une semaine de formation à la chirurgie, une semaine de formation au secours en montagne, une semaine de formation à l’institut polaire français Paul-Emile Victor (IPEV) et une semaine de formation à La Réunion avant le départ.
L’objectif c’est de savoir faire le maximum de choses tout seul avant le départ. Mais sur les districts, le médecin n’est pas vraiment tout seul puisqu’il peut demander des avis à des spécialistes à la Réunion grâce à un système de télémédecine bien développé (visioconférences sont possible grâce à une connexion internet pas si mauvaise !).
Dans les prochains articles je vais essayer de vous faire partager l’évolution de ma formation semaine par semaine.