Cette semaine je devais aller en chirurgie, mais j’avais encore beaucoup de choses à apprendre en anesthésie donc j’ai fais toute la semaine avec les anesthésistes et j’en ai profité pour assister un peu plus aux chirurgies et pas seulement à la partie anesthésie !
Cette semaine j’ai fais beaucoup de gestes ! J’ai fais pleins d’intubations : avec le laryngoscope standard, avec un « vidéo-laryngoscope », intubation naso-trachéale (par le nez), mise en place de masques laryngés ! Je me sens maintenant beaucoup plus à l’aise sur ce geste qui peut être un peu stressant ! J’ai également mis en place un cathéter artériel et de nombreuses voies veineuses périphériques ! J’ai encore assisté à plusieurs ALR (anesthésies loco-régionales) : des péridurales, des rachianesthésies, des bloc axilaires, des blocs de la face et du cuir chevelu, etc… ces procédures seront très intéressantes à connaitre à Kerguelen pour éviter de faire des anesthésies générales !
Cette semaine nous avons également eu une formation à la transfusion, organisée par le Centre de Transfusion Sanguine des Armées. En particulier pour nous former à la transfusion de sang total.
Il faut que je vous explique un peu la transfusion pour que vous compreniez ce que c’est exactement la transfusion de sang total. En gros d’habitude à l’hôpital civil on peut faire des transfusions de globules rouges (CGR ou concentrés de Globules Rouges), de plaquettes (CP ou concentrés plaquettaires) ou de plasma (sous forme de PFC ou Plasma Frais Congelé). Nous avons donc eu des rappels sur ces différentes types de transfusions et en particulier leurs limites. Les CGR ont une durée de vie de 42 jours, les CP de 7 jours et les PFC ont une durée plus longue de 1 à 3 ans mais doivent être conservés à -30°C. Ces durées de vie courte ou ces conditions de conservation difficiles rend impossible la mise à disposition de ces produits dans les TAAF. On utilise souvent ces transfusions dans les cas d’hémorragie importante pour remplacer séparément plusieurs composants du sang (les globules rouges, les plaquettes et le plasma qui contient les facteurs de coagulation). Il est important que dans les TAAF nous puissions prendre en charge des hémorragies massives (même si c’est rare).
En contexte militaire (principalement) ou en milieu isolé, il est possible d’utiliser des techniques différentes :
- Le plasma lyophilisé (PLYO) : qui remplace le PFC, qui doit être conservé à -30°C. C’est une invention du Centre de Transfusion Sanguine des Armées ! La conservation se fait entre 2 et 25°C pour une durée de 2 ans. Ce produit est donc utilisable en zone de guerre et en médecine en milieu isolé (comme ce sera notre cas dans les TAAF). Nous aurons donc ce produit à disposition et nous avons été formé à son utilisation.
- La transfusion de sang total : au lieu de séparer les éléments du sang comme habituellement, on va prélever du sang directement à une personne présente sur place. Soit à un autre militaire en contexte militaire, soit à une autre personne présente en milieu isolé. Il faut simplement respecter (autant que possible, car il y a des exceptions) les groupes sanguins (A, B, O). Puis transfuser le sang prélevé à la personne qui en a besoin. C’est une technique plutôt simple, mais qui demande pas mal de connaissances théoriques et techniques pour le faire en toute sécurité pour le patient qui reçoit le sang et pour la personne qui le donne. Dans ce cas pas de problème de conservation puisque le sang est prélevé directement sur place.
- Je vous passe l’existence des transfusion de Sang Total O Déleucocyté (STOD) qui se font de plus en plus en hôpital militaire dans les cas d’hémorragies massives (ça remplace CGR, PFC et CP). Actuellement, ça ne se fait pratiquement qu’en hôpital militaire. Ce n’est pas disponible dans les TAAF pour une question de conservation.
Nous avons donc eu des ateliers pratiques pendant 3 jours pour nous former et nous entrainer à ces technique et principalement à la transfusion de sang total, puisque ce sera la seule disponible dans les TAAF.

Nous avons terminé la semaine par un cours extrêmement intéressant sur la craniectomie de sauvetage. Je vous en parlais déjà dans cet article, lors de ma semaine en neurochirurgie. Ce cours présentait par un professeur en neurochirurgie de l’HIA Sainte-Anne était très pratique. Il nous a expliqué comment prendre en charge une suspicion d’hématome extra-dural ou sous-dural. Je dis « suspicion » car dans les TAAF nous n’aurons pas de scanner pour confirmer le diagnostic mais uniquement des arguments clinique (en examinant le patient) pour nous orienter vers ces diagnostics. Encore une fois, le traitement consiste à faire une gros trou dans le crâne du patient pour retirer le saignement qui comprime le cerveau. Il nous a expliqué comment réaliser cette procédure avec du matériel simple que nous aurons dans les TAAF, afin de tenter de sauver le patient d’une mort certaine. Je vous passe les photos « Gores », mais voici un extrait des instruments que nous serions amenés à utiliser.
